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30 enfants à la maison pour un gouter d’anniversaire, quel vin boire ?

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

On le sait, que l’on en ait ou pas, un gamin c’est chiant ! Ça crie, ça court partout, ça touche à tout. Surtout, le mioche à la mauvaise idée de vouloir organiser un méga anniversaire avec 30 potes pour ses 7 ans. L’âge de raison parait-il. Qu’y a-t-il de raisonnable dans cette volonté d’un petit merdeux d’organiser une telle embuscade ? La torture, même quand elle s’abat sur un adulte de plus de 18 ans devrait être condamnée par Amnistie Internationale.


De plus, chose classique en la circonstance, le temps…pluvieux ; évidemment. Sortant, les gamins reviennent particulièrement dégueulasses ; pire qu’un clébard. En outre, il est toujours compliqué d’aller perdre dans la forêt des mioches qui ne sont pas à soi. Cela ferait mauvais genre. Les parents se plaindraient (ou pas). On jaserait dans les cafés et les articles de presse s’en feraient l’écho.

Mais tu me feras remarquer cher lecteur qu’à ta connaissance ni Dénis mon colocataire rhinocéros ni moi-même n’avons de gamin. Nous ne prévoyons pas d’en acheter ou d’en adopter (désolé, je ne me souviens plus des termes techniques). Donc, d’où me vient cette angoisse ? Eh bien, figure-toi que Dénis a des neveux et nièces dont un qui fête ses 7 ans. Du coup, on se retrouve avec 30 mioches à la maison. Notre appart a beau faire 450 m2 terrasse, 30 marmots, c’est un nombre tout de même. On succomberait à moins.

Une bouteille plutôt qu’une bougie

Nous sommes convaincus que l’évènement va être une torture physique, psychologique ; une vraie boucherie. La perspective nous accable. Du coup, apprenant la mauvaise nouvelle, il nous faut un remontant. Mais quel vin boire ? La bougie ça se souffle et la bouteille ça se siffle. D’un commun accord, nous décidons de nous tourner vers l’effervescent.

Les évènements festifs se marquent toujours de l’empreinte d’une jolie bulle. Mais cela fait-il sens de parler d’évènement festif alors que notre appartement à la décoration juste refaite par des Roumains s’apprête à être pris d’assaut par une division de 30 têtes blondes ? On a vu ce que cela avait donné dans les Ardennes en 40. Les seuls canons que nous pouvons aligner sont ceux de notre cave. Et même notre voisine Bertha sollicitée en renfort, à l’envergure et au surpoids notoires, ne devrait pas être assez puissante pour atteindre toutes ces cibles. Notre défense du front a du plomb dans l’aile.

Remontant à la surface du verre dans une droiture pavlovienne établit, les bulles d’un vin effervescent peuvent être plus ou moins nombreuses, plus ou moins fines, plus ou moins persistantes. Cela contribue à notre plaisir gustatif. A contrario, des gamins virevoltant dans un ordonnancement dépouillé, entrant, puis sortant de l’appartement pour mieux s’y perdre de nouveau n’a rien de plaisant, ni à l’oreille ni à la vue. C’est même un sinistre et déplorable perspective.

Jeunesse fatale ou salvatrice ?


Après la jeunesse fatale du goûter d’anniversaire, convoquons la jeunesse salvatrice. Débouchons une cuvée de la nouvelle génération Champenoise. Un champagne de vigneron comme il se dit.


Etienne Calsac incarne le renouveau des vignerons Champenois. En 2010, il reprend les vignes et le domaine de ses grands-parents. C’est peu ou prou l’année de naissance des morveux qui vont débarquer. Le dialogue devrait pouvoir s’instaurer.

Dans les grandes lignes et les petites largeurs, ce sont 2,8 ha environ répartis en côte des Blancs du côté d’Avizé qu’Etienne a en charge. Pour perdre des bambins au milieu des vignes, c’est déjà pas mal coté surface. 10 gamins par hectare, il y a de quoi faire. Il peut organiser des gouters d’anniversaire tranquille lui. L’heureux homme.

Une des choses qui marque l’approche d’Etienne dans son retour aux sources c’est sa volonté de replanter des cépages oubliés. Evidemment, la région est dominée par le Pinot Meunier, le Pinot Noir comme cépages rouges et le Chardonnay en blanc. Voilà notre trio star qui performe dans les bouteilles. A noter qu’ils ne servent pas forcément toujours ensemble.

Mais sur la scène off se produisent encore quelques mamies qui n’entendent pas passer la main comme cela. Des vampes aux Spice Girls, il n’y a qu’un goulot. Arbane, Petit Meslier et Pinot Blanc, (cépages blancs) font de la résistance. En cela ces vieux cépages sont parfois aidés par de jeunes vignerons intelligent, curieux, et talentueux qui n’oublient pas leurs racines. Etienne Calsac est de ceux-la.

Un rosé pour nous sauver




Pour la circonstance on va donner dans le rosé. Cela nous rappellera la couleur des petites joues des chérubins. Un peu de poésie ne fait pas de mal après tout. Cette cuvée « Rose de Craie » s’établit sur des terroirs en Premier Cru de la Vallée de la Marne et de la Côte des Blancs. D’ailleurs, on retrouve 89 % de Chardonnay dans cet assemblage (cépage emblématique de la Côte des Blancs). 20 % des vins se fera en fût de chêne.

Ici, notre petite tête qui n’est donc pas blonde mais rosée est d’approche assez timide. Elle ne se livre pas comme ça. Pourquoi faudrait-il pétarader au milieu du vacarme ambiant sous prétexte que l’on vient de champagne et que l’on fait des bulles ? On a déjà de la personnalité. S’affirmer par la discrétion, en suscitant l’envie et la découverte. C’est aussi une bien noble approche.

Néanmoins, on affiche une belle couleur saumon pâle, lumineuse, chatoyante. Une élégance loin du « tape à l’œil » et du vulgaire. Le Champagne c’est chic tout de même. La culotte courte nous va bien.

La timidité finie par s’estomper. La sociabilisation nous est bénéfique. Un peu de fruits rouge frais, acidulés mais aussi des notes plus pâtissières, pâte d’amande. Quelques virgules fumées viennent compléter le coloriage du gamin. Rien d’opulent, ni de démonstratif. Des petites touches ici et là qui donnent un ensemble équilibré, harmonieux et ô combien plaisant.

Petit à petit, la bulle s’affine, se patine et apporte une douceur de texture de bon aloi. Elle aide à apprivoiser la timidité du garçonnet qui ne manque pas de charme pour autant. Les bulles sont comme de petites fossettes qui viennent illuminer ce visage enfantin.

Le style donne dans le classique, dans le sérieux, dans l’amour du travail bien fait. Une bouche droite, en tension. Pas de petit bidon tout rond qui ressort du-dessous du polo. La chemisette est bien repassée, le pli est marqué avec justesse. Elle est rentrée dans le bermuda. Des bretelles colorées veinent la maintenir en tension.

La finale témoigne de la même pudeur retenue. Se livrer, mais pas trop. Les fondamentaux sont là. Une fraicheur équilibrée qui allonge la bouche. De jolis amers nobles qui se font supports.

Le tumulte annoncé avec ce gouter sera tempéré par le sérieux de la structure de cette cuvée.


C’est tant mieux.

Et c’est ainsi que Bacchus est grand !

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